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06/03/2025 Bertrand Jacquillat Billets d'humeur
Bourse / Fiscalité

Du put de Greenspan au put de Trump

La nouvelle administration américaine a les mêmes objectifs qu’Alan Greenspan, le soutien apporté aux marchés financiers. On se souvient d’Alan Greenspan, le déjà lointain prédécesseur de Jay Powell, président de 1984 à 2006 de la toute puissante banque centrale américaine, le Federal Reserve Board. Selon lui, les soins prodigués à l’économie pour la réparer après une crise boursière étaient moins coûteux que ceux engendrés par une politique monétaire restrictive pour l’éviter. Par le soutien implicite qu’il apportait ainsi au marché des actions, il était devenu l’idole des investisseurs, à qui il offrait gratuitement le « Greenspan’s put ». Ce terme est l’émanation d’un instrument financier, l’option de vente (put option), permettant en l’occurrence aux investisseurs de vendre leurs actions à un prix maintenu artificiellement haut par la politique monétaire laxiste de Greenspan. Les rôles se trouvent aujourd’hui modifiés mais les objectifs restent les mêmes, et notamment le soutien apporté aux marchés financiers via le « Trump’s put ». Quoi que l’on ait pu penser des administrations américaines précédentes, leurs politiques publiques fournissaient aux investisseurs un cadre institutionnel balisé, relativement stable. Avec l’administration actuelle se sont substituées des politiques disruptives, erratiques et contradictoires. Ainsi en va-t-il des politiques de tarifs douaniers plus ou moins ciblées vis-à-vis des partenaires commerciaux des Etats-Unis, et notamment avec la révision des tarifs douaniers de plus de 17 000 produits en provenance du monde entier. De fait, Donald Trump a deux boussoles en matière de politique économique.  D’abord une boussole quant aux relations économiques internationales, où il a fait sien à plusieurs reprises le slogan brandi jadis par Margaret Thatcher à l’encontre de ses partenaires européens, « I want my money back ». Cette boussole contribue à la satisfaction des classes moyennes de par ses effets sur l’emploi, d’autant que, claironnée haut et fort, elle entretient leur confiance.  Par ailleurs, l’environnement général qui résulte du slogan « Make America Great Again » (MAGA) est très « business friendly», avec la croissance économique pour objectif de court terme. Deuxième boussole, la croissance économique de long terme engendrée par les innovations technologiques et financières. C’est le sens de la chasse au « red tape », avec la débureaucratisation confiée à Elon Musk et son département DOGE (Department Of Government Efficiency) et la déréglementation financière.  Car, Donald Trump a décidé, implicitement par la composition de son entourage, très favorable aux innovations technologiques et financières, de faire de l’évolution des indices boursiers le baromètre de ses succès. Voilà le « Greenspan’s put » réincarné en « Trump’s put » qui devrait permettre aux marchés d’actions de poursuivre leur chevauchée fantastique, certes dans un environnement boursier plus volatile provoqué par les décisions erratiques de la nouvelle administration américaine.

Bertrand Jacquillat est Vice-président du Cercle des économistes et Senior Advisor de Tiepolo