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La guerre des tarifs douaniers aura-t-elle lieu ?
Dès son élection, Donald Trump a annoncé qu’il il augmenterait de 25% les tarifs douaniers des tous les biens importés du Canada et du Mexique, de 60% ceux en provenance de Chine, et qu’aucun pays, même parmi les nations alliées de l’Amérique, n’échapperait à une augmentation de ses droits de douane.
Les tarifs douaniers ont longtemps constitué l’un des champs d’étude privilégiés des économistes. : parce qu’ils affectent l’économie par le canal des prix des biens et services importés en les renchérissant, mais entraînent également une hausse de l’activité et des profits des producteurs domestiques de ces mêmes biens. Ils représentent en fin de compte une taxe sur la consommation et une subvention à la production.
Ils ont donc pour conséquence un transfert de richesse au sein de l’économie. La réaction des marchés d’actions américains semble accréditer cette hypothèse, avec la hausse des valeurs industrielles traditionnelles depuis l’élection de Donald Trump et ses annonces protectionnistes dont elles seraient les premiers bénéficiaires. Mais l’équipe économique de Donald Trump considère le commerce international aussi comme un comme levier pour s’assurer d’une suprématie géopolitique.
La politique commerciale à l’égard du reste du monde est certes mue par des intérêts domestiques, comme par exemple le rapatriement de tout ou partie des chaines de production sur le territoire national pour favoriser la création d’emplois. Mais elle contribue aussi à aspirer sur son territoire l’activité économique de ses rivaux avec la conséquence de les affaiblir.
Cet état d’esprit mercantiliste déjà appliqué avec le « Inflation Reduction Act » de Joe Biden a été parfaitement théorisé par Alfred Hirschman dans son ouvrage de 1945 devenu un classique « National power and the structure of Foreign Trade ». Dans le contexte actuel, c’est notamment le cas vis-à-vis de la Chine à laquelle les Etats-Unis chercheraient à imposer un régime particulièrement draconien, par crainte de sa montée en puissance susceptible de les concurrencer sur les plans économique et géopolitique.
Mais pour contrer le mercantilisme américain à son endroit, la Chine dispose de nombreuses cartes en main qu’il peut jouer à la Trump. D’abord la réponse classique de réciprocité, incluant notamment des restrictions aux entreprises américaines pour lesquelles la Chine représente un maillon important dans la chaine de valeur de leur production.
Autre parade, la Chine joue l’ouverture commerciale avec d’autres grandes régions du monde, avec la menace particulière que cela représente pour l’industrie européenne. Certes les Etats-Unis imposent des conditions draconiennes à ses propres entreprises technologiques en leur interdisant toute relation commerciale avec plusieurs centaines d’entreprises chinoises. Mais la Chine dispose de moyens de rétorsion particulièrement gênants pour les entreprises américaines de haute technologie, ce sont les métaux rares qui leur sont indispensables, et pour lesquels la Chine dispose d’un quasi-monopole.
Vis-à-vis des autres pays, la menace de tarifs douaniers punitifs suffit à leur faire prendre les mesures qui excluent la nécessité de se les voir appliquer, comme cela pourrait se produire avec le deal proposé au Mexique pour que ce dernier réduise à néant ses flux migratoires vers les Etats-Unis. Voilà pourquoi la guerre des tarifs douaniers stricto sensu sera limitée. Mais elle prendra d’autres formes de coercition, et ce facilité par le caractère opportuniste de Donald Trump.
Bertrand Jacquillat
Vice président du Cercle des Economistes et Senior Advisor de Tiepolo
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