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LA CULTURE DU RISQUE
De la mauvaise idée d’opposer l’épargnant investisseur (« capital qui dort ») et l’entrepreneur (« capital productif »).
Dans le débat actuel, l’épargnant investisseur (ou actionnaire individuel) en actions cotées, souvent étiqueté du sobriquet « capital qui dort », est aussi à défendre contre une fiscalité spoliatrice. Il est contre-productif de l’opposer à l’entrepreneur, souvent présenté comme seul représentant du « capital productif ». Investir dans des actions Air Liquide, Michelin ou Hologram Industries directement ou via des SICAV c’est aussi prendre des risques. L’épargnant investisseur est un acteur à part entière de la création de richesse et de croissance prenant le relais de l’actionnariat entrepreneurial pour accompagner le développement des entreprises. Il n’est pas moins méritant que l’entrepreneur dans la récompense attendue à sa prise de risque. Il n’est pas le capital qui dort.
Comme l’entrepreneur, il attend un rendement en ligne avec sa prise de risque. L’entrepreneur prend plus de risque et crée plus de richesse. Sa récompense financière sera plus élevée et c’est normal. Seulement, au même titre que l’entrepreneur, l’épargnant investisseur ne sera plus enclin à investir avec la fiscalité confiscatoire envisagée sur les plus-values de cessions d’actions.
Dans la longue vie des entreprises, l’épargnant investisseur est amené à prendre le relais de l’actionnariat entrepreneurial lors d’introductions en bourse pour permettre aux entreprises de continuer leur développement. Tel fut le cas récemment pour Vexim, PME innovante introduite sur Alternext à Paris. Sans entrepreneur, point de naissance de nouvelles entreprises, sans épargnant investisseur, point de développement vers de nouveaux marchés.
Il n’y a donc pas lieu de traiter différemment l’épargnant investisseur de l’entrepreneur sur le plan de la fiscalité des plus-values de cessions d’actions.
Pour illustrer mon propos, faisons un éclairage du couple risque/rendement entre l’entrepreneur et l’épargnant investisseur.
D’un côté, l’entrepreneur investit peu de capital dans sa société mais y met tout son temps, son énergie et son savoir-faire. Sa connaissance de la société est complète. Il la dirige et définit sa stratégie. La prise de risque est très importante car concentrée sur une seule société. Il prend le risque d’échouer et de tout perdre. Le retour sur investissement attendu est donc très élevé, voire infini. Sa plus-value de cession sera très souvent égale au prix de vente de ses actions.
De l’autre, l’épargnant investisseur est un actionnaire passif sans grande influence votant aux assemblées générales annuelles. Il connait les produits finis et les grands axes de la stratégie. Ses décisions d’investissement sont fondées sur la base des informations publiques fournies par la société. Sa prise de risque est moindre car il peut se diversifier sur un large éventail de sociétés. En revanche, il n’a pas d’influence sur la destinée de la société. Il ne contrôle pas le risque de mauvaise gestion ou d’une stratégie non génératrice de croissance. Le risque n’est donc pas nul. Le retour sur investissement espéré est moindre (8-12% par an) correspondant à la rentabilité sur très longue période des indices boursiers occidentaux.
Pour conclure, opposer les types d’actionnaires est contre-productif. Ce dont nous avons besoin, c’est plus de culture du risque. L’entrepreneur et l’épargnant investisseur en sont des représentants légitimes, l’un comme l’autre.
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