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«A la source de l’intelligence artificielle» – la chronique de Bertrand Jacquillat
Bertrand Jacquillat se penche sur les origines de l'Intelligence Artificielle. Un sujet d'actualité s'il en est...
Il a reçu le prix Nobel d’économie en 1978, à la grande surprise de ses pairs, étant titulaire de la chaire de… psychologie et d’informatique à l’université Carnegie Mellon. Son nom : Herbert Simon. Il est à la source de l’intelligence artificielle. D’abord pour une raison presqu’anecdotique. C’est lui qui a découvert la façon de programmer l’ordinateur pour générer automatiquement des algorithmes destinés au jeu d’échecs. Il a conçu en quelque sorte l’ancêtre du Big Blue d’IBM qui battrait quelques dizaines d’années plus tard le célèbre grand maître Gary Kasparov.
Plus sérieusement, H. Simon a eu l’intuition des lacunes de la théorie économique traditionnelle qui postule que tout décideur dans le secteur marchand cherche à maximiser le profit, en suivant une démarche parfaitement rationnelle qui s’appuie sur une information quasi parfaite. En fait, les décideurs se contentent généralement de la solution qui leur paraît satisfaisante, sans être nécessairement optimale. Par ailleurs, ils ne disposent que d’informations très imparfaites et très incomplètes, avec de faibles capacités pour les traiter.
L’idée centrale de Herbert Simon est donc de substituer au sacro-saint principe de la maximisation, celui de la rationalité limitée. Au moins trois facteurs limitent la rationalité des individus dans leur prise de décision : leurs capacités cognitives sont loin d’être illimitées ; leurs objectifs individuels et leurs propres valeurs sont différents ; ils n’ont enfin qu’une connaissance partielle des situations qu’ils ont à gérer. L’intelligence artificielle a pour effet d’augmenter cette rationalité limitée, en puisant dans l’immensité d’un océan de données, que représente internet, pour apporter des réponses à chacune des étapes du processus de prise de décision : tout d’abord, lors de la découverte des faits qui conduit à s’interroger sur la nature du problème ; ensuite, lors de la réflexion sur les conséquences induites par chaque action et du recensement des solutions possibles ; enfin à l’occasion du choix de l’action finale à entreprendre correspondant à la meilleure solution. A toutes ces étapes, l’intelligence artificielle générative comme ChatGPT apporte une contribution essentielle en élargissant la puissance cognitive des organisations au-delà de la somme des connaissances de chacun de ses membres.
De ce fait, les organisations de demain se caractériseront par un renforcement de la centralisation car le niveau moyen du management devra rétrocéder du pouvoir face à la montée des décisions programmées. C’est ainsi que Herbert Simon est considéré comme le père de la théorie des organisations avant d’avoir été reconnu comme un précurseur de l’intelligence artificielle. Mais n’oublions pas le laps de temps qu’il aura fallu pour que ses intuitions débouchent sur l’avènement de l’Intelligence artificielle. Faudra-t-il autant de temps à celle-ci pour avoir un impact, qu’aux autres grandes innovations technologiques du passé qui ont mis des décennies à irriguer pleinement les économies ? Ainsi se pose la question de l’incidence de ChatGPT et autres robots sur la productivité et la croissance économique.
"Quand la Chine tombera" Chronique de Bertrand Jacquillat
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