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« Quand la Chine tombera » – Chronique de Bertrand Jacquillat
Sans aucun mandat électoral et sans interruption, le parti communiste chinois (CCP), qui vient de reconduire à sa tête son secrétaire général Xi JinPing pour un troisième mandat, dirige la Chine depuis 72 ans.
Aucune autre dictature n’a pu réaliser l’exploit de transformer en 50 ans un pays en état de famine alimentaire en deuxième puissance économique mondiale.
Deux thèses opposées s’affrontent quant à la pérennité d’une telle performance : ceux qui pensent que la Chine est devenue un géant économique destiné à retrouver dans un avenir proche la place qui fut la sienne jusqu’au milieu du 19ième siècle, la première, grâce aux qualités intrinsèques d’une population industrieuse guidée d’une main ferme par l’Etat qui apporte stabilité politique et économique. Et ceux qui sont convaincus que la Chine tombera, du fait du carcan dans lequel l’Etat enferme les populations. Ils prévoient la fin de cet en même temps, celui d’un régime très autoritaire, qui surveille et contrôle tout avec le demi -milliard de caméras de surveillance installées sur l’ensemble du territoire, ce qui serait incompatible avec la liberté requise pour la prospérité d’une économie moderne.
Qui plus est, le culte de la personnalité, réintroduit par Xi sur le modèle de Mao, a le défaut majeur de marginaliser la remarquable usine à sélection des personnalités et des intelligences qu’était le parti, qui conduisait les meilleurs à accéder au saint des saints du Comité central, l’organe de direction collégiale. Après le désastre économique que fut la dictature maoïste, les dirigeants chinois firent en sorte d’éloigner le spectre du culte de la personnalité.
Mais en vain ; avec la présence sans doute à vie de Xi à la tête de la Chine, le loup de la flatterie s’est réintroduit dans la bergerie. C’est le grand bond en arrière autoritaire après le grand bond en avant libéral initié par Deng Xiaoping, et confirmé par Xi en 2017 au Forum économique de Davos « Le marché doit devenir le moteur décisif du processus d’allocation des ressources ». Faisant depuis machine arrière, Xi a vanté les mérites d’une politique industrielle centralisée et le rôle essentiel que doivent y jouer les entreprises publiques. Mais il sera exposé à de nombreux défis, dont celui d’une situation démographique alarmante.
Selon les démographes, la population chinoise de près d’un milliard et demi d’individus baissera dès cette année, et ne serait plus que de 400 à 800 millions en 2100. Et la Chine n’est encore qu’une économie d’importance moyenne selon le critère du PIB par habitant : avec 17000$, le FMI la classe au 75ième rang mondial.
Xi entrera-t-il dans l’histoire comme celui qui a fait de la Chine la première puissance économique et militaire mondiale, ou celui qui l’aura fait tomber dans un état lamentable, comme en son temps Leonid Brezhnev dont le conservatisme a fossilisé l’économie soviétique ? Quoi qu’il en soit, cet en même temps chinois n’est pas sans conséquence pour les investisseurs. Il entraîne une insécurité juridique et réglementaire qui justifie une décote de valorisation et de diversification de portefeuille particulièrement importante des marchés et des actions chinois.
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