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Les défis de compétitivité de l’économie française (décembre 2024) - Chronique de Bertrand Jacquillat
Affaissement, déclin, déclassement, … les qualificatifs ne manquent pas pour souligner la contre-performance de l’entreprise France au cours des quarante dernières années, les « quarante piteuses ». Mais il convient de bien distinguer ce qui ressort des erreurs de politique économique et de l’évolution d’un monde de plus en plus globalisé.
En effet, ce décrochage de la France est aussi le miroir renversé de l’émergence et de l’irruption sur la scène économique mondiale de pays autrefois à l’aune de leur développement.
Les marchés boursiers ne font que refléter les dynamiques économiques sous-jacentes. C’est ainsi que la capitalisation boursière de l’Inde qui était proche de zéro il y a 40 ans a dépassé celle de la France, et la capitalisation boursière de la Chine lui est plus de quatre fois supérieure.
Mais ce recul français est aussi la conséquence d’un virage manqué pour adapter le modèle de croissance français à la crise des années 1970, puis à l’ère d’un monde globalisé. La France et ses élites ont été trop longtemps énivrées par les succès de l’entreprise France des trente glorieuses. Elles se sont enferrées dans des choix politiques et économiques erronés, avec surtout un manque de vision. Elles ne se sont pas rendues compte que la nature des investissements nécessaires pour favoriser le rattrapage d’économies meurtries par la guerre, n’était plus la même que celle requise pour devenir compétitif à la frontière des secteurs industriels d’avenir, notamment dans les nouvelles technologies et leur avatar très prometteur, l’intelligence artificielle.
Ces élites n’ont eu aucun doute à considérer que la croissance pouvait être accélérée par des procédés relevant de leur sphère d’influence, plutôt que par les millions de décisions d’entreprises privées sur lesquelles elles ont peu de prise.
Mais avec l’ouverture continue des frontières ayant conduit à la globalisation, les décisions et actions décisives sont de plus en plus du ressort de la microéconomie et de stratégies entrepreneuriales, et de moins en moins du ressort du macro-management. La microéconomie a pris le dessus sur la macroéconomie. La plupart des observateurs sérieux sont d’ailleurs bien conscients des défis de compétitivité auxquels la France et l’Europe doivent faire face.
C’est ce qui ressort des solutions, nombreuses et variées, présentées dans le rapport Draghi. Celles-ci ne peuvent être efficaces qu’au niveau européen, dans un marché unique à la fois plus grand et plus concurrentiel. Ce marché unique devra être caractérisé par une intégration réelle des marchés de capitaux pour retenir en Europe son bassin d’épargne, le plus élevé du monde.
Cette intégration des marchés de capitaux devrait faciliter la titrisation des dettes des entreprises et des banques et un recours prioritaire aux actions pour financer les formidables investissements nécessaires. Ceux-ci devront se faire par une gouvernance davantage pilotée par des scientifiques et des entrepreneurs, et une régulation simplifiée et intelligente.
Mais il faut faire vite. L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis peut-elle agir comme un « wake up call » ou bien provoquer la désintégration de l’Union européenne ?
Bertrand Jacquillat
Vice-Président du Cercle des Economistes et Senior Advisor de Tiepolo
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