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30/09/2022 Bertrand Jacquillat Billets d'humeur

« La tempête boursière, jusqu’où, jusqu’à quand ? » – la chronique de Bertrand Jacquillat

Ceux qui refusent de vendre en pleine tempête boursière ne perdront pas leur sang-froid à l’approche de la capitulation, ultime étape avant la remontée des cours.

Même avec le recul, on a tendance à croire que les krachs boursiers sont violents, qu’ils se produisent de manière brutale sur une courte période de temps. C’est le cas pour certains d’entre eux. Ainsi, le krach éclair du 19 octobre 1987 se traduisit par une baisse en une seule séance de bourse de l’ordre de 25% des principaux indices mondiaux d’actions. De même, au début de la pandémie du COVID, ceux-ci s’effondrèrent de plus de 30% en moins de cinq semaines en février/mars 2020.

Certes ce n’est pas la première fois que la Russie fait défaut sur sa dette, comme les épargnants français en ont fait la douloureuse expérience avec les emprunts russes à la suite de la révolution d’octobre 1917. La dernière fois qu’elle le fit avant la guerre en Ukraine, c’était en 1998, il ne fallut pas plus d’un mois pour que s’effondre l’indice S&P 500, emportant dans sa débâcle le hedge fund Long Term Capital Management, géré par deux prix Nobel d’économie.

Bulle Internet. Mais la plupart des krachs boursiers se sont davantage étalés dans le temps. Ainsi en va-t-il du plus célèbre d’entre eux, le krach de 1929, qui s’étira sur presque trois ans, d’octobre 1929 à juin 1932. Plus près de nous, la bulle internet mit du temps à éclater malgré les propos alarmistes tenus par Robert Shiller, futur prix Nobel d’économie, sur l’état d’exubérance irrationnelle des marchés d’actions, qu’il susurrait dès 1997 à l’oreille du président de la Reserve fédérale américaine, Alan Greenspan, bien avant qu’elle n’éclate quelques trois ans plus tard. Mais quand celle-ci se produisit, la correction fut loin d’être instantanée. Entre son plus haut et son plus bas, la bulle internet mit presque deux ans et demi à se dégonfler.

Quant au bain de sang que subirent les marchés à la suite de la crise financière de 2007-2009, celui-ci se produisit sur 17 mois. Bref, certains krachs peuvent être brefs, ceux-là sont assez vite oubliés, mais la plupart sont beaucoup plus longs. Dans ces cas-là, la chute des indices n’est pas continue, elle est ponctuée par des mouvements de reprise, que l’on perçoit et dénomme avec le recul « rallyes boursiers dans des marchés baissiers ». Ce sont des moments très pénibles pour les investisseurs à cause de la grande opacité qui entoure ces mouvements de va et vient.

L’évolution des marchés boursiers depuis la fin de l’année dernière correspond à une telle configuration. De date à date, on observe une chute des principaux indices d’actions supérieure à 20% qui s’explique pour de bonnes raisons économiques, la crainte du retour d’une inflation élevée et durable, entraînant une hausse des taux d’intérêt, la crainte d’une récession, à quoi s’ajoutent les conséquences économiques du risque géopolitique de la guerre en Ukraine.

Capitulation.  Mais cette baisse ne s’est pas produite de façon continue, s’est en effet intercalée une hausse des indices proches de 10 % en à peine cinq semaines à cheval sur les mois de juillet et août 2022, laquelle avait presque annulé les pertes antérieures. Depuis, les marchés sont en pleine tempête boursière. Jusqu’où et jusqu’à quand ? D’aucuns attendent la capitulation des investisseurs. A l’instar d’une bulle, la capitulation, qui est une débâcle, une déroute, s’accompagne d’une sorte de craquement dans la conscience collective, où chaque investisseur est tenté d’abandonner la partie, comme un joueur de poker lessivé, en vendant la totalité de son portefeuille, et se décide finalement à le faire.

Ce phénomène affecte tous les types d’investisseurs. Les particuliers ne supportent plus de regarder une cote boursière avec des cours massacrés, ni la vue de leur portefeuille qui a perdu un tiers de sa valeur, et qui redoutent que celui-ci ne baisse encore davantage. Quant aux gérants professionnels, même si beaucoup sont convaincus que ce n’est plus le moment de vendre, ils se trouvent souvent conduits à le faire à cause de la pression qu’exercent sur eux leurs supérieurs ou leurs clients.

Si ce type d’analyse peut être effectué rétrospectivement, il est moins commode d’être conscient de cet engrenage lorsqu’il est en train de se produire. Tout au plus, l’analyse des krachs passés peut procurer quelques enseignements, par exemple sur l’ampleur du krach, entre le plus haut et le plus bas, et sa durée. Ainsi, et si l’on se réfère au marché américain des actions, le S&P 500 a connu depuis la seconde guerre mondiale 14 marchés baissiers (sans compter l’actuel), un marché baissier étant défini comme une baisse d’au moins 20% de l’indice de référence par rapport au plus haut précédent. La durée moyenne de ces baisses fut de 11 mois, et son ampleur moyenne de 32%.

Duration. Un autre signal est l’étendue du nombre de titres qui ont baissé. Le marché boursier actuel a débuté avec les valeurs technologiques, et pour cause. Le facteur déclenchant du krach boursier actuel a été la conviction que le réveil de l’inflation, dont les prémices étaient apparues dans le courant de l’année 2021, n’était pas un phénomène temporaire, comme il avait d’abord été imaginé, mais profond et durable. Il nécessiterait donc de la part des banques centrales une réaction vigoureuse pour la maîtriser, notamment par la hausse des taux d’intérêt. Les valeurs les plus sensibles à une telle hausse étaient précisément les stars boursières de la décennie précédente, les valeurs technologiques, dont la duration était élevée, c’est à dire dont les espoirs de rentabilité étaient particulièrement lointains.

Dans l’environnement de taux d’intérêt proches de zéro, ces sociétés étaient particulièrement bien valorisées. L’inversion de la direction des taux d’intérêt les a particulièrement affectées. Seront-elles celles qui prendront la tête du rebond quand celui-ci se produira, du fait de leur extraordinairement bonne santé financière et économique ? Tout dépendra du niveau auquel les taux d’intérêt se seront stabilisés. En tout état de cause, à proximité de la capitulation la quasi-totalité des titres cotés doit avoir baissé de façon significative, même si, comme dans un jeu de dominos la baisse n’atteint pas toutes les catégories de titres en même temps.

Elle se propage d’une catégorie à une autre, et la capitulation survient lorsqu’elle a fini de tout balayer, ce qui n’est pas encore le cas. Ceux qui refusent de vendre en pleine tempête boursière ne perdront pas leur sang-froid à l’approche de la capitulation, ultime étape avant la remontée des cours. Car, ne l’oublions jamais : malgré ses hauts et ses bas, l’investissement en actions est le placement le plus rentable sur la durée, supérieur à tous les autres.

 

Bertrand Jacquillat est vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de Tiepolo.