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28/01/2025 Bertrand Jacquillat Billets d'humeur
Bourse / Fiscalité

Surmonter les contradictions économiques de Donald Trump

Sitôt intronisé 47ème président des Etats-Unis, Donald Trump a utilisé son outil de travail de prédilection, le stylo, pour enchaîner les signatures d’une centaine de décrets présidentiels, un record historique, dans toute une série de domaines…

Seul son comportement pragmatique et versatile peut tempérer l’inconfort que suscite l’incohérence de ses propositions économiques. Sans qu’il ne donne davantage de précision, aucun pays n'échapperait à une hausse de ses tarifs douaniers, y compris les nations alliées de l’Amérique.

En renchérissant les prix des biens importés, cette politique tarifaire serait une réussite si, par effet de substitution, elle incitait les entreprises à produire davantage sur le sol des Etats-Unis, renforçant ainsi sa réindustrialisation. C’est la thèse défendue par Peter Navarro, l’un des principaux conseillers de Donald Trump sur les questions économiques et de politique industrielle.

De telles dispositions tarifaires s’accompagnent d’une déportation massive des immigrants en situation irrégulière et d’une profonde restriction des flux migratoires, notamment en provenance du Mexique.

La mise en place de ces deux dispositifs aura plusieurs conséquences en parfaite contradiction avec certains objectifs prioritaires de Trump, à l’encontre des écueils qu’il cherche à éviter : une hausse de l’inflation entrainant des taux d’intérêt plus élevés de la part de la Réserve Fédérale et un raffermissement du dollar américain. Cela entraînera un accroissement du déficit extérieur et aura un impact négatif sur les bénéfices des sociétés américaines.

La confiance qu’expriment les investisseurs à l’égard des actions contraste avec les craintes des économistes. Alors que ces derniers ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB, les analystes financiers tablent sur une hausse des profits des sociétés de l’indice S&P de 15% en 2025, contre 9 % de 2024.  Cette dichotomie entre investisseurs et économistes tient à leur divergence de vue quant à l’impact plus ou moins élevé du taux de croissance économique sur les profits des sociétés, et notamment des grands groupes technologiques, lesquels représentent près du tiers de la capitalisation boursière américaine.

Aussi les investisseurs caressent l’idée que Trump n’ira pas jusqu’au bout de ses propositions extrêmes, à l’image de la versatilité qu’il a montré vis-à-vis des grands groupes technologiques et de leurs dirigeants. Il les fustigeait encore l’année dernière. Mais quelque chose a changé dans l’air du temps, avec le signal fort de la nomination d’Elon Musk à la tête d’un nouveau département de l’efficacité gouvernementale. Celui-ci était, avec les autres « robber barons » du XXI ème siècle, en très bonne place au Capitole pour l’investiture de Donald Trump.

Sans doute est-ce sur la confiance retrouvée, l’innovation débridée, un environnement économique dérégulé que comptent les marchés pour surmonter les contradictions de la rhétorique économique de Donald Trump.

Quoi qu’il en soit, face à la volatilité attendue en hausse des actions, ce sont bien les fondamentaux des entreprises qui dicteront l’évolution de leurs cours de bourse.

Bertrand Jacquillat

Vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de Tiepolo.